L’événement « Transiscope en bande organisée», qui s’est tenu à Marseille du 29 au 30 Mars 2024, a rassemblé une communauté dynamique d’une quarantaine d’acteurs engagés dans la transition écologique et solidaire, avec un angle spécifique sur les quartiers populaires. Cet événement, situé au plein cœur de Marseille, a été unsion unique pour les participant·es de discuter, d’échanger et de coopérer autour des thématiques clés de la cartographie collaborative, du modèle de société à atteindre et la bifurcation nécessaire.
Contexte
Marseille est une ville archipel, riche d’initiatives et de dynamiques collectives. Depuis des années, certain·e·s se retrouvent dans des luttes contre l’habitat indigne ou la gentrification, pour le droit à la ville, et l’accès aux services publics dans une ville qui reste l’une des plus inégalitaires en France. D’autres s’engagent dans des transformations de leur cadre de vie, autour de questions de mobilité, d’accès aux ressources naturelles ou de lutte contre la pollution. Des lieux s’ouvrent, des terrains se cultivent, le foncier devient un enjeu Commun. Il existe aussi des espaces de mobilisation plus ou moins organisés, plus ou moins institutionnels ou autonomes.
Depuis longtemps, des collectifs tissent des liens, produisent des cartographies pour les faciliter mais il reste encore du chemin pour diffuser une culture de la coopération et dépasser un système qui a trop joué sur les concurrences et la compétition.
Le Tour Alternatiba qui se terminera début octobre à Marseille peut être une occasion de se fixer un objectif commun : relier les enjeux sociaux et écologiques en démontrant que l’écologie populaire s’ancre dans des réalités marseillaises.
C’était l’intention d’une première communauté de partenaires qui proposait de se retrouver pour en parler, partager ses expériences et outils, et consolider des liens entre nos quartiers, nos initiatives et nos savoirs, à partir de l’expérience du projet transiscope.org, comme un premier pas modeste mais utile.
Objectif atteint !
Ce format événementiel développé depuis la sortie du COVID, initialement pour réunir et remotiver les membres du projet, a évolué depuis un an (à Lyon, puis Paris, et Strasbourg) pour répondre aux deuxième et troisième axes de notre stratégie « Renforcer la coopération » et « Dynamiser les écosystèmes d’alternatives sur les territoires », trouvant à Quimper en Novembre dernier, un format y répondant plutôt bien. Les objectifs que nous nous étions fixés pour cette occurrence étaient de :
- Rendre visibles les alternatives/des collectifs dans les quartiers populaires en lien avec les initiatives de transition
- Questionner nos freins et nos leviers pour mieux coopérer. Quelle posture et quelles conditions à la rencontre ?
Avec une quarantaine de personnes présentes sur les deux jours, dont des membres des tables de quartier, c’est un pari réussi et un format qui plait ! Grâce à des formats d’animation variés, Transiscope est venu apporté à Marseille, un espace pour échanger entre réseaux d’acteurs des transitions !
Les Sujets et Ateliers Abordés
- Evolution de la Charte de Transiscope
- La matinée du vendredi matin a été dédiée à des discussions autour de la charte de Transiscope, utilisé comme un objet politique pour analyser nos valeurs communes, nos connecteurs politiques. Une fois de plus, les participant·es ont examiné 5 articles et discuté de l’inclusion de diverses formes d’alternatives écologiques et sociales dans le mouvement de transition. Cette fois ci, l’attention a été portée sur plusieurs thèmes : les manières de discriminer les initiatives compatibles avec les idées d’extrême droite, le fait de parler de processus plutôt que d’alternatives, la questionnement de la place de l’écologie populaire et la plus value de Transiscope en terme de connaissance, de communs.
- D’autres questions abordées : les luttes non-violente, pourquoi l’article 5 n’est pas obligatoire, intérêt particulier et intérêt commun (l’intérêt particulier peut devenir un intérêt commun – le commun comme résultant des intérêts particuliers ?) (voir plus dans cet article)
- Travail sur une carte locale – Comment on devient une source et comment on fait du commun ? (deux sujets fusionnés)
- Pendant le forum ouvert, a émergé l’envie de cartographier les acteurices marseillais
- Il y a des données existantes à Marseille : La base, les paniers marseillais mais ces cartes ne rassemblaient pas toutes les sensibilités présentes. Il y a aussi les données de Transiscope partagé par d’autres sources non marseillaises mais là il y a un travail de tri à faire…
- A partir du partage de l’expérience de la source du Mans par Yannick, où les membres de la source se voient comme des tisserands qui valide les points sur la carte, et des éléments techniques nécessaire à la cartographie, le groupe s’est lancé résultat 110 points dans un tableur : bravo !!!
- Ce qui a tout de même soulevé la question du « Comment faire pour que les personnes se parlent ? ». Grande question qui anime aussi le Transiscope
- Comment créer des lieux d’échange, de fédération ?
- Les différents lieux possibles :
- physique souvent soumis à un modèle économique
- espace public mais ATTENTION à sa privatisation
- numérique
- type forum : mais tout le monde n’a pas accès au numérique
- espace de réflexion type wiki
- édifices disponibles qui appartiennent aux collectivités : occupés de manière plus ou moins autorisé
- Des livres en commun – Framasoft – Et si on écrivait un livre pour documenter le projet
- Après avoir vu passer l’appel à manifestation d’intérêt de Framasoft pour « des livres en communs », nous avons décidé de nous prêter à l’exercice documenter notre projet sous forme de livre. Nous avons pris un temps pour échanger sur le plan détaillé de ce livre et identifié ce qu’il nous semblait important d’y noter
- Questions d’invisibilité et invisibilisation
- Le groupe a réfléchit à « Qui sont les invisibles/invisibilisés ?», puis s’est posé la question de savoir si c’est un processus ? Est-on visible puis invisible ?
- Peut-on alors cartographier des invisibilisations ? Et comment être attentif aux enjeux de visibilisation : ça peut être une action colonialiste de faire des cartes. Comment éviter de reproduire ce système oppressif ?
- Subjectivité de la visibilité : la visibilité de certaines choses changent en fonction du point de vue (ex police et personne racisé). Visibilité subjective
- Le petit frère de l’invisibilité : les luttes sont visibles mais pas forcément écoutées.
Aussi volonté de s’invisibiliser dans certaines situations (ex. personne queer qui ne veut pas s’outer)
Conférence gesticulée
Le vendredi soir, nous avons eu la chance d’être accueillis par Le comptoir de la Victorine et assister à la conférence gesticulée de Laurent Marseault, secoueur de cocotier professionnel, qui dans sa conférence «POURQUOI LA STRATÉGIE DU COLIBRI N’EST PLUS SUFFISANTE? » interroge le fonctionnement en silo de nos organisations, alors que faisant face aux mêmes feux et mêmes difficultés, il semblerait logique que nous adoptions un fonctionnement plus proche de celui des pompiers dont il fait partie. Une action organisée, coordonnée, et des temps hors action pour débriefer, apprendre de nos erreurs et partager avec nos alliés pour ne pas refaire deux fois la même erreur. Drôle et en même temps très juste !
- Retour sur la conférence gesticulée de la veille
- Dès le samedi matin il y a donc eu des besoin de débriefer des questionnements soulevés par la conférence de la veille. Avec des avis très marqués dans les deux sens : c’était génial, c’était nul (archétypes…)
Soulignant la tension entre le côté intellectuel et nécessité de l’urgence, de l’action, du feu. - Question des connecteurs : le rôle des connecteurs est ultra important, quel rôle (juste connecteur ou tisserand, s’investit ou pas dans les projets)
- Tension sur long-terme ou court-terme, difficulté à penser le politique avec l’urgence.
- Quand il parlait des connecteurs humains, moi j’ai pas l’impression que les liens se font par ça, par des personnes dans plusieurs collectifs.
Mon objectif : comment faire ça sans s’exploser ? Comment formaliser une connectivité humaine qui ne repose pas sur quelques personnes ? - Moi j’aime pas trop l’idée de silos. On peut s’enfermer sans faire exprès.
- Potentiellement culpabilisant.
- Critique : la métaphore a ses limites, modèle hiérarchique des pompiers, on reproduit les oppressions, question de la légitimité.
- Approche des soulèvements de la Terre > comment arriver sur des luttes locales, ce sont les personnes locales qui prennent la parole. Ça évite la starification.
- Donner envie > travailler avec des personnes pas amies politiquement pour l’efficacité
- Importance des syndicats : caisse de grève
Comment les gens qui ont de la thune financent des luttes ? - Question numérique : expérience de savoir-faire sur la communication. Plein de plateformes qui n’ont pas été investies. Est-ce qu’on en a envie ?
- Emancipasso + framaspace = vraiment LSD !
- Jeu entre voisins – démarche vive (?)
- Son Objectif : créer une dynamique entre voisins comment faire des choses dans l’intérêt de tous·tes ! Le jeu est un prétexte pour pouvoir s’organiser dans un voisinage proche et réfléchir comment baisser notre production/consommation en croisant les indicateurs de politique de développement et les conventions pour mesurer les impacts CO2/biodiversité.
- Intersections entre les communs ancestraux et communs d’habitant·es
- Des échanges sur des termes tel que Prud’hommie, consortage, “bourgeoisie”…
Transiscope pourrait visibiliser les communs sur les territoires. Comment de façon opérationnel avoir ça : il faudrait une source pour les répertorier
Intersections avec les mouvements d’habitants, des quartiers ont parfois été créé sur des communs (ex des canaux dans les quartiers nords de marseille). Lutte contre démolition de l’immeuble alros qu’il y a des enjeux peut être plus anciens à rédécouvrir par les mouvements d’habitants; Enjeux des nouveaux récits : clip de rap, carnaval. De nouveaux récits qui pourraient prendre place dans le Transiscope Peut être plein de couches à rajouter au Transiscope
Les enjeux des communs ancestraux seront discutés dans l’Assemblée des Communs dans le Clunisois du 8 au 11 novembre 2024.
- Aspect économique
- Des échanges plus techniques sur le programme leader ont eu lieu. C’est une expérience de programme européen en 1992, pour les acteurs locaux, qui reconnaissait et soutenait le rôles d’acteurs associatifs avec une autonomie.
- Rapport aux moyens > débats sur l’argent public, le crowdfunding, l’économie libérale…
==> On fait du commun, mais pour qui ? Il fau penser l’autonomie et les communs et les qualifier - Stratégie : proposition sur des valeurs partagées, et le long terme : le contrat de ville – possibilité das des contrats de quartier, le décliner à l’échelle locale, à Marseille, en s’appuyant sur le GAL et avec leur mots pour faire l’innovation. Alliance (pas le syndicat) avec des techniciens, militants, acteurs pour essayer d’imaginer des choses.
Au niveau national des combats à mener avec les fondations, le milieu de l’ESS, et l’échelle européenne
- Le K’hair
- Des échanges ont eu lieu sur le prendre soin. En repartant de la charte du verstohlen. Ce qui a soulevé plusieurs réfléxions
- Accès à une vue
- Comment on arrive à faire des pauses
- Comment l’intégrer à Transiscope et de quelle manière ? lieu personnel ? lieu de passage temporaire
- Discussion autour d’une carte de la Belle de mai avec Denis (CHO3) puis balade dans le quartier :
- Plan partenarial d’Aménagement / Collège des maitrises d’usages.
- Expérience des Community Land Trust / Autorecupéro
- Découverte du Jardin Levat : https://le-couvent.org/
Compréhensions et Réalisations
Une nouvelle fois, le Transiscothon a permis de se servir de la cartographie et ses enjeux comme une matière brute à remettre en débat, entre des acteurs qui ne se connaissaient pas forcément, et a permis de faire émerger, à la fois des sujets de convergence, tout en découvrant des nouveaux sujets qui n’avaient jamais été évoqués jusqu’ici ou peu : les communs ancestraux, l’invisibilisation, le soin.
L’événement a également servi de plateforme pour partager des expériences réussies et des pratiques innovantes, encourageant ainsi une coopération plus étroite entre les différents acteurs du mouvement de transition.
Conclusion
En résumé, le Transiscothon à Marseille a été un moment important pour la communauté Transiscope, offrant un espace de collaboration, d’innovation et de partage d’idées. Cet événement a renforcé le réseau et a posé les bases pour de futures initiatives et collaborations, essentielles pour avancer vers une société plus durable et équitable.
Prochain RDV à Genève en Septembre, abonnez-vous à notre newsletter pour en être informés !
Et les prochains rebonds identifiés :
Avril :
- Fin Avril FSE -MECSA : Espace commun des alternatives européennes
- collectif loi sur le logement insalubre : RDV dans les quartiers pour appuyer un projet de loi qui vient de la mobilisaton du 5 Novembre. Réunion dans les quartiers
- Etats généraux du post urbain – en bretagne –
Mai :
- 9/10 Mai : dans le cadre de l’ONU à Nairobi, partie société civile pour travailler sur le draft du sommet de l’avenir
- 13, 14 et 15 Mai – POP Mind – Rennes (35) : Evènement organisé par l’UFISC qui rassemble les arts vivants et de la rue, qui défend une culture pour tous.
- 21/22/23 Mai : Comment on fait système – séminaire du MES
- Faire Autrement – Fin mai début Juin : suite à la CCC, avec les petits débrouillards, tours des tiers lieux – quelles sont
- 18 Mai au 2 Juin – Festicité : festival des initiatives. Valoriser les initiatives locales, se rencontre. Cloture à belot ouverte aux personnes
- 30Mai/1er Juin à Poitiers – Les rencontres de l’éducation populaire
- 31 Mai : rebond du milliard – au familistère de guise
Juin :
- 1er Juin – CAT Appel à
- Tour Alternatiba – départ le 2 juin 2024
Juillet :
- 6-7 Juillet – Festival des usages coopératifs à Brest : https://forum-usages-cooperatifs.net/?Accueil2024
- 6-7 Juillet – Rencontre nationale des habitats participatifs
- 6-7 Juillet – festival des idées
- 6-7 Juillet – dialogues en humanité à Lyon
Rentrée Sept/Octobre :
- Arrivée du tour Alternatiba début octobre à Marseille du 4 au 6 Octobre
- rencontres LSD
- Fête des possibles
- Transiscothon de Genève
Novembre
- 8-11 novembre 2024 : l'[Assemblée des Communs dans le Clunisois ](https://pad.lescommuns.org/ZeMWQ33TRdqmNYHolUhGzA?view#)
Octobre 2025
- 29-31 -Forum mondial de l’économie sociale et solidaire – GSEF