C’est à la Maison des Citoyens du Monde, à Nantes que Transiscope a choisi d’organiser la quatrième édition du Transiscothon* les 24 et 25 juin derniers. Ce fut l’occasion d’inviter des organisations proches du projet – comme Nantes en Commun, Terres de Luttes, la Fédération des Associations de Musiques et Danses Traditionnelles, EcoPlan 18 ou Transiscope en pays Nantais – à participer à différents ateliers-débats sur des sujets communs.
*Pour rappel, Les Transiscothons sont des événements conçus comme une occasion pour la communauté de Transiscope (membres des organisations du Comité de Pilotage, membres des sources, bénévoles, prestataires,…) de se retrouver deux jours, quatre fois par an, afin :
- d’avancer concrètement sur le projet
- de limiter le travail à distance et plutôt favoriser des temps en présentiel et de convivialité
- de créer des temps de rencontre de travail ouverts, en dehors du Comité de pilotage
- de construire et garder un lien avec l’ensemble de la communauté
- de limiter les Comités de pilotage aux décisions stratégiques.
Et c’est sur la Place des Luttes au sein du référencement de Transiscope que l’événement a débuté le vendredi matin avec la présence de Léna Lazare (Terres de Luttes), Alice Oechsner de Coninck et Bruno Lasnier (MES), Thomas Simon (Shifters), Gilles Rouby et Jean-Baptiste Jobard (CAC), Audrey Auriault (Animacoop), Floriane Hamon (Colibris), Julien Chandelier (anciennement Cap ou pas Cap) et Simon Louvet (Alternatiba).
Présentation de Terres de Luttes
Léna Lazare © NnoMan/Reporterre
Avant de débuter le tour de parole, la parole fut donnée à Léna Lazare qui nous a résumé et précisé les activités de Terres de Luttes et introduit le sujet du débat.
Aujourd’hui Terres de Luttes est une association de soutien aux collectifs en lutte contre les projets polluants et imposés. Elle accompagne des collectifs en apportant notamment un soutien juridique. En s’appuyant sur la carte de Reporterre, Léna crée chaque jour des coalitions de luttes, organise des rencontres et contribue à faire résonner le récit des luttes locales.
Pour cette rencontre nous nous sommes interrogés sur la place des luttes dans le Transiscope et les possibles coopérations à imaginer.
Autant de questions qui ont permis de lancer le tour de parole entre les participants. Et rapidement, plusieurs idées sont ressorties :
Tout d’abord, comme le pense Léna, “il y a peu de différences entre une alternative et une lutte”. La question s’articule en réalité autour de la différenciation complexe entre violence et non-violence. En résumé, la Charte ANV est à parfaire pour rendre possible l’intégration des luttes locales dans le référencement de la cartographie de Transiscope..
Deuxièmement, et dans la continuité du précédent point, Simon estime que la ligne rouge à ne pas dépasser est “l’agression physique de personnes, même verbale”. Néanmoins, Alternatiba s’autorise des destructions matérielles, du sabotage, à la condition qu’elles soient définies collectivement, préalablement et au cas par cas. Léna rajoute qu’elles doivent être même annoncées publiquement.
D’autres points annexes sont aussi soulevés comme la création d’un critère d’urgence pour des projets temporaires qui s’arrêtent et disparaissent trop tôt (comme par exemple Mains d’oeuvre à St Denis, Ciné La Clef à Paris, La Base à Paris). Si alternatives et luttes sont liées les unes aux autres et que la violence physique est exclue des moyens d’actions à priori, Transiscope a alors vocation à intégrer plus largement celle-ci dans son référencement et à coopérer avec des réseaux comme Terre de Luttes. Il s’agit donc de retravailler la charte du Transiscope pour affiner notre position sur la violence dans l’action. Il ne s’agit pas pour autant d’établir une validation au préalable de chaque action, mais bien d’instaurer une limite politique collective. Un point d’alerte serait par exemple, selon Julien Chandelier, “le risque des postures de contrôle des luttes qui serait en contradiction avec notre philosophie d’autonomie des initiatives”.
Si tous les acteurs de Transiscope militent pour l’avènement d’une société non violente, nous devons faire place à d’autres logiques d’actions pour favoriser la convergence de nos luttes. Un sentiment renforcé par les propos d’Alice qui souligne que les luttes non violentes sont plus efficaces (selon la chercheuse américaine Erica Chenoweth, voir tedx) parce qu’elles sont plus inclusives et elles militent pour l’avènement d’une société non violente.
Il reste maintenant à Transiscope de distinguer la ligne rouge philosophique et la méthode de son application. Le projet pourra s’appuyer sur la ligne rouge d’ANV Alternatiba et pourra ensuite mettre en place sa propre méthode d’application.
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Animation de communauté et partages d’expérience
L’après-midi a été l’occasion d’un partage d’expérience sur des initiatives qui transforment les territoires et s’est clôturé avec un troisième atelier qui aborde l’animation de communauté à travers des partages d’expérience.
Morgane Petiteau, Clément Barailla et Margot Medkour, de Nantes en commun © OUEST-FRANCE
À cette occasion, nous avons pu compter sur la présence de Morgane Petiteau (Nantes en Commun), Alice Oechsner de Coninck et Bruno Lasnier (MES), Thomas Simon (Shifters), Gilles Rouby et Jean-Baptiste Jobard (CAC), Yannick Duthe (Assemblée virtuelle), Audrey Auriault (Animacoop), Floriane Hamon (Colibris), Julien Chandelier (anciennement Cap ou pas Cap) et Simon Louvet (Alternatiba).
Avant de commencer, Simon nous rappelle comment est composée la communauté du Transiscope :
- Un premier cercle dans lequel on retrouve les membres du comité de pilotage. C’est en quelque sorte le cœur de la communauté.
- Un deuxième cercle composé des sources (associations ou collectifs sur les territoires) qui nous partagent les informations dont ils disposent.
- Un troisième cercle qui se compose des réseaux et partenaires associatifs nationaux ou locaux.
- Et enfin tous les utilisateurs du Transiscope qui se connectent et utilisent la cartographie digitale
Mais quel est le constat actuel ? Quel est le lien entre ces différents cercles ?
Le projet politique et l’esprit coopératif priment
Pour résumer la situation actuelle, Julien raconte les questions et les choix opérés en décembre dernier : “on s’est questionné et on a eu l’impression d’être sur une plateforme méta, un peu loin du terrain”.
Pour autant le projet politique est et reste le plus important. Maintenant il est temps de faire en sorte que cet esprit coopératif qui nous a mobilisés au début, perdure.
Exemple d’une autre structure : Nantes en Commun
Nantes en commun est un mouvement de réappropriation de la ville par et pour ses habitant·e·s. Depuis trois ans, ce sont des centaines de personnes qui résistent à la marchandisation de nos villes et de nos vies, qui animent le bar associatif le Chapeau Rouge, qui créent un fournisseur local d’énergie, qui cultivent des terres en commun, qui travaillent sur la création d’un centre de santé, qui organisent des festivals et des rencontres, qui diffusent ses idées à travers un média, des campagnes, des événements
“On essaye d’organiser notre collectif comme un chou, nous confie Morgane Petiteau, auto-organisé, avec une culture commune et un croisement entre coordination de projet et pôle structurel. Nous nous partageons les tâches et faisons en sorte qu’il n’y ait pas quelqu’un de professionnel sur la tâche. D’ailleurs c’est moi qui paye les factures et c’est bien le seul exemple de tâche réalisée par une seule personne”.
Elle continue : “Par exemple, les aubergistes (du Chapeau Rouge) ne sont pas totalement briefés dès leur arrivée. Ils savent ce qu’est NeC (Nantes en Commun). Ils apprennent au fur et à mesure… Et il y a du quotidien, de l’action et des rituels simples qui permettent une transmission progressive de la culture à des personnes qui se mobilisent d’abord sur l’action”.
Le parti pris, c’est qu’ils font les choses ensemble.
Connection, transmission
Même si Julien relève la différence fondamentale entre les deux organisations – l’une est bien inscrite localement tandis que l’autre est présente sur tout le territoire français (et même à l’étranger) – il existe des solutions pour se connecter avec sa communauté.
“Allez voir des initiatives que vous avez cartographiées !” (Morgane).
Il est vrai que la relation avec les alternatives semble indirecte, il est toujours possible de développer des outils accessibles pour la convivialité comme par exemple :
- des visites apprenantes,
- des rétrospectives tous les 2 mois, avec une frise de nos histoires personnelles dans l’histoire commune du projet,
- fêter l’intégration de chaque source nouvelle,
- etc.
Quelle que soit l’échelle, les solutions ne manquent certainement pas pour connecter les différents cercles de la communauté Transiscope.
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La place des sources
De retour à la Maison des Citoyens du Monde, à Nantes, pour la deuxième journée du Transiscothon* #4, l’équipe de Transiscope a choisi d’orienter son atelier de la matinée autour de la place des sources au sein du collectif.
Parce qu’il existe de nombreux annuaires de contacts et des cartographies locales voire nationales, Transiscope a choisi de concevoir une sorte de caisse de résonance : une cartographie qui regroupe plus de 40 000 alternatives en France et à l’étranger.
Comment ?
Transiscope s’appuie sur des sources existantes (les annuaires de contacts, les cartographies, les groupes locaux qui ont constitué des bases de données …) et qui souhaitent partager les informations dont ils disposent.
Il devient ainsi beaucoup plus simple de découvrir les actions portées par le mouvement de la transition écologique et sociale près de chez soi et d’agir !
Un lien fort mais un rapport indéfini
Les sources occupent une place importante dans le projet Transiscope car sans elles et sans leurs ressources – leurs données, leurs connaissances, leurs actions – ce dernier n’aurait pas vu le jour. En échange, Transiscope les connecte, les rend visible et fait parler d’elles à l’échelle nationale. Il s’agit ici de prouver qu’il est possible de coopérer et travailler ensemble pour le bien commun et cela à toutes les échelles d’actions.
Pourtant, malgré ce lien fort qu’entretient l’association avec ses sources, le rapport avec celles-ci est parfois trop limité.
Furent présent à l’occasion Émilie (bénévole du groupe source), Anaïs (Ecoplan), Alice Oechsner de Coninck et Bruno Lasnier (MES), Audrey Auriault (Animacoop), Floriane Hamon (Colibris), Julien Chandelier (anciennement Cap ou pas Cap), Yannick Duthe (Assemblée virtuelle) et Simon Louvet (Alternatiba).
Mobiliser et impliquer les sources
© Ecoplan 18
Le constat est simple. Le point principal sur lequel Transiscope doit se développer est l’aspect humain. Un manque de temps global qui se fait aujourd’hui ressentir. Pour renforcer nos liens avec la communauté des sources nous devons passer d’un processus de référencement qui s’inscrit dans un accès digital aux données à une relation humaine, politique et collective.
Pour cela Transiscope veut donc aller plus loin en se rendant disponible auprès des sources pour les aider dans leur questionnement, leur blocage, etc.
L’objectif : constituer une communauté de sources, renforcer le lien et les impliquer dans le projet Transiscope.
Comment ?
Nous devons veiller à établir un contact humain pérenne avec nos sources et entre elles. Pour cela nous allons faciliter des rencontres entre les sources, de partage d’expériences et de besoins pour elles. Par ailleurs nous allons leur mettre à disposition des ressources afin de les aider dans leur travail de référencement et de cartographie : des balades des alternatives, des cartoparties, des débats sur les actions militantes autour du numérique, etc.
Anaïs a d’ailleurs imaginé pour Eco-plan des balades thématiques. Par exemple, un centre social a déjà utilisé Eco-plan pour faire un jeu de piste à la découverte des alternatives.
Une autre idée, soutenue par Bruno, est l’utilisation du support papier comme en Sarthe avec le jeu Transi’Sarthe qui permet d’organiser des ateliers compatibles avec des fresques (du climat ou des débats sur le numérique…).
En résumé, Transiscope souhaite mettre l’accent sur le rapport humain qu’il entretient avec sa communauté et plus précisément ses sources. Malgré le manque de temps, il est important de penser à l’avenir de Transiscope en s’assurant qu’il y ait une continuité dans la relève. Pour cela, il est crucial de renforcer notre communauté des sources à travers des ateliers d’entraide, l’organisation d’événements dédiés et l’ouverture de notre gouvernance à chacune d’elle.
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Cette quatrième édition du Transiscothon fut cruciale pour la suite des événements. Un bilan résolument positif et la présence de nos partenaires aux différents ateliers, encouragent Transiscope à mettre les bouchées doubles pour la suite.
On se retrouve donc pour la cinquième édition du Transiscothon à Lyon autour du mois d’Octobre 2022. Si vous souhaitez participer (en tant que représentant d’association partenaire ou en tant que public), n’hésitez pas à nous contacter via notre page contact.